Résumé :
Les pays du Verdon ont été pendant la Seconde République
à l'avant-garde des combats politiques. Ainsi, alors que dans
cette période la plupart des zones rurales ne sont pas encore
entrées dans la politique moderne et suivent encore les choix
imposés par les grands propriétaires et le clergé,
les habitants du Verdon adoptent les idées républicaines
les plus radicales. Cela est vrai dès 1848 pour la partie des
Basses Alpes influencées par Manosque. Les républicains
démocrates mettrons un peu plus de temps avant de convaincre
massivement le Nord-Ouest varois vers 1850. Le canton de Combs et
l'arondissement de Castellane, trop isolés, restant à
l'écart de ce mouvement.
Contraints par des lois liberticides d'adopter une organisation clandestine,
ces républicains diffisent sur les deux rives du Verdon les
sociétés secrètes de la Nouvelle Montagne. Si
ces organisations reprennent le cérémonial issu des
sociétés secrètes de la Restauration, et de la
Monarchie de Juillet, elles rompent avec leur caractère élitiste
en ayant pour ambition de construire un parti de masse. Cette ambition
est souvent réalisée dans le Verdon: une majorité
des jeunes hommes des villages vont s'affilier à la Nouvelle
Montagne en prêtant le serment de défendre la République
démocratique et sociale. Leur diffusion va généralement
s'opérer du Nord vers le Sud.: ce sont les Bas-Alpins de Manosque,
Gréoux, Riez, Moustiers, qui vont initier les Haut-Varois des
cantons de Rians, Tavernes et Aups. Une fois de plus, la rivière,
loin de séparer, rassemble. Plutôt que frontière,
elle se fait trait d'union.
C'est en grande partie grâce à ce réseau tissé
de 1849 à 1851, que les républicains du Verdon vont
se retrouver à la pointe du combat lorsqu'il va s'agir de défendre
la république violée par Louis-Napoléon Bonaparte
le 2 décembre 1851. C'est par le réseau de la Nouvelle
Montagne que vont circuler les mots d'ordre de résistance.
Nonobstant le lien tissé entre les deux rives, les Montagnards
vont répondre à l'organisation de leurs départements
respectifs: les bas-alpins marcherons sur Digne, les Varois prendront
la route de la préfecture de Draguignan.
L'épopée de la résistance bas-alpine est unique
en France: les républicains prendront la préfecture
et repousseront l'armée à la bataille des Mées.
Mais mon étude porte sur la partie varoise des pays du Verdon.
aussi, nous verrons comment les démocrates de ces villages
se sont organisés pour se retrouver à Aups avec 600
résistants de tout le départerment.
Pour la zone qui s'étend de Vinon à Aiguines et à
Aups, nous verrons les cheminements des informations et des consignes
de résistance, la déposition des autorités locales
complices du coup d'Etat et leur remplacement par des municipalités
républicaines, la mobilisation des hommes et des armes et leur
départ sur la route de Draguignan. Une route qui ne les mènera
finalement que jusqu'à Aups.
Enfin, nous mesurerons la répression qui s'est abattue dans
les villages et comment ces républicains ont tenté de
faire vivre leur idéal sous l'empire autoritaire.