Table ronde:Histoire

Photo © Errol

 

Frédéric NEGREL

 

Le Verdon républicain de 1851

Résumé :

Les pays du Verdon ont été pendant la Seconde République à l'avant-garde des combats politiques. Ainsi, alors que dans cette période la plupart des zones rurales ne sont pas encore entrées dans la politique moderne et suivent encore les choix imposés par les grands propriétaires et le clergé, les habitants du Verdon adoptent les idées républicaines les plus radicales. Cela est vrai dès 1848 pour la partie des Basses Alpes influencées par Manosque. Les républicains démocrates mettrons un peu plus de temps avant de convaincre massivement le Nord-Ouest varois vers 1850. Le canton de Combs et l'arondissement de Castellane, trop isolés, restant à l'écart de ce mouvement.

Contraints par des lois liberticides d'adopter une organisation clandestine, ces républicains diffisent sur les deux rives du Verdon les sociétés secrètes de la Nouvelle Montagne. Si ces organisations reprennent le cérémonial issu des sociétés secrètes de la Restauration, et de la Monarchie de Juillet, elles rompent avec leur caractère élitiste en ayant pour ambition de construire un parti de masse. Cette ambition est souvent réalisée dans le Verdon: une majorité des jeunes hommes des villages vont s'affilier à la Nouvelle Montagne en prêtant le serment de défendre la République démocratique et sociale. Leur diffusion va généralement s'opérer du Nord vers le Sud.: ce sont les Bas-Alpins de Manosque, Gréoux, Riez, Moustiers, qui vont initier les Haut-Varois des cantons de Rians, Tavernes et Aups. Une fois de plus, la rivière, loin de séparer, rassemble. Plutôt que frontière, elle se fait trait d'union.

C'est en grande partie grâce à ce réseau tissé de 1849 à 1851, que les républicains du Verdon vont se retrouver à la pointe du combat lorsqu'il va s'agir de défendre la république violée par Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. C'est par le réseau de la Nouvelle Montagne que vont circuler les mots d'ordre de résistance. Nonobstant le lien tissé entre les deux rives, les Montagnards vont répondre à l'organisation de leurs départements respectifs: les bas-alpins marcherons sur Digne, les Varois prendront la route de la préfecture de Draguignan.

L'épopée de la résistance bas-alpine est unique en France: les républicains prendront la préfecture et repousseront l'armée à la bataille des Mées. Mais mon étude porte sur la partie varoise des pays du Verdon. aussi, nous verrons comment les démocrates de ces villages se sont organisés pour se retrouver à Aups avec 600 résistants de tout le départerment.

Pour la zone qui s'étend de Vinon à Aiguines et à Aups, nous verrons les cheminements des informations et des consignes de résistance, la déposition des autorités locales complices du coup d'Etat et leur remplacement par des municipalités républicaines, la mobilisation des hommes et des armes et leur départ sur la route de Draguignan. Une route qui ne les mènera finalement que jusqu'à Aups.

Enfin, nous mesurerons la répression qui s'est abattue dans les villages et comment ces républicains ont tenté de faire vivre leur idéal sous l'empire autoritaire.

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