Table ronde ethnologie

Chalet C.A.F. de la Maline

Belvédaire de Trescaïre: panorama

Trescaîre: le Verdon tout en bas

Photographies: © Errol

Mathieu LEBORGNE

Retour aux origines d'un haut-lieu: de la "découverte" des Gorges du Verdon par A. E. MARTEL aux premiers pas touristiques (1905-1930).

Résumé:

Peut-on considérer que les "Gorges du Verdon" qu'on connait aujourd'hui sont nées il y a près d'un siècle suite à la première descente (dans sa totalité il est vrai) de la rivière Verdon, au début du mois d'août 1905 par un amateur éclairé des gouffres et de son équipe? Edouard-Alfred MARTEL (1859-1938), puisque c'est de lui dont il s'agit, avocat parisien, est-il à l'origine de ce haut-lieu touristique mondial, consacré Parc Naturel Régional il y a deux ans maintenant? Si la réponse est évidente pour beaucoup, il semble toutefois qu'il faille s'y "replonger" de près pour bien montrer en quoi ce moment historique est, d'une part, la rencontre d'une mission de l'Etat central et d'une passion individuelle, d'autre part, l'amorce d'une confrontation entre les acteurs locaux d'un territoire convoité, la figure de "l'étranger" avide d'émerveillements, et de celle de l'ingenieur fasciné par un progrès technique dompteur de nature.

En effet, bien que Martel ait pénétré les entrailles d'un territoire encore "sans nom", celui-ic n'était pas pour autant sans homme. Comment la sphère centrale s'est-elle appuyée sur le mileu local pour mener à bien son projet et par la suite, comment ce milieu local a-t-il tenté de s'en autonomiser pour concrétiser le sien?

L'avènement du tourisme dans les Gorges du Verdon peut ainsi s'interpréter comme une série d'oppositions qui, pour certaines, perdurent. Il s'agit tout d'abord de la confrontation déjà évoquée entre administration centrale et milieu local; mais aussi, dans le positionnement de Martel lui-même, de la tension qui existe entre mission d'intérêt général et passion individuelle; de celle du devenir d'un territoire: production, récréation ou protection?

Cette analyse duale de la société locale verdonienne nous a paru intéressante dans la perspective d'une approche historique qui se donne pour but non seulement de raconter mais aussi d'expliquer et de comprendre une part de notre présent. En effet, nous verrons par exemple que dans les textes de Martel eux-mêmes on peut relever les signes des premières vélléités de construction d'un Parc dans le Verdon: "Comment ouvrir de manière pertinente le site au tourisme?" est une des questions qu'il se posait à l'époque mais aussi celle qu'on se pose de nos jours. De même, si dès le milieu du XIXème siècle, la ressource en eau du Verdon devient un enjeu fort, la rivière cristallisera tout au long du siècle la rencontre d'intérêts récurrents et est, aujourd'hui encore, au centre des préoccupations.

C'est une partie (la genèse) de ces jeux de forces sociales et de rapports au territoire que nous tenterons d'éclairer en montrant en quoi, dans le Verdon, ils ont été déterminants pour la construction progressive d'un haut-lieu touristique qui, un siècle plus tard, cherche encore un équilibre digne de son prestige.

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