Table ronde architecture traditionnelle

Verdon: le pont de Tusset 

Eric KALMAR

Président de l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine en Pierre Sèche du Var

La pierre sèche dans le Var

Résumé

Ils sont là, perdus dans les brousailles de l'oubli et de l'indifférence, tous ces vestiges varois de la pierre sèche!

Les cabanes, les abris de restanques, les citernes, les puits, les ponts, les restanques, les "apié", les enclos, les clapiers, les garennes à lapins, les lèques, les aires de battage des blés, les fours à huile de cade, à poix, à chaux, les cabanons, des millions de mètres cubes charriés par des hommes...

Il y a bien lontemps, il n'y avait pas de forêt en ces endroits, mais des espaces cultivés où la vie était intense avec des gens qui s'activaient aux travaux des champs. Elle devait être belle la Provence d'antan avec toute cette agitation dans les collines.....

Maintenant, il n'y a plus de vie, si ce n'est celle des animaux des bois, qui passent au milieu de ces ruines gorgées de souvenirs. Le monde a changé, notre Provence aussi. Nous, nous avons décidé de sauvegarder ce petit patrimoine rural construit par nos aïlleux. Histoire de leur rendre un peu hommage! Ces anciens varois qui, pour vivre dans de bonnes conditions avec le fruit de leur terre, de leur eau, de leurs bêtes et de leurs bois étaient plens d'ingéniosités.

Oui, ils sont encore là, ces ouvrages en pierre sèche, mais bien perdus au fond de nos forêts, très difficiles d'accès car nichés dans les endroits les "plus sales", là où ne passent que les "cochongliers" comme ils disent dédaigneusement....

Depuis des années, on les cherche et on les trouve, petit à petit, au milieu des argelas, salsepareilles ou ronces. Ils sont là et semblent figés dans le temps, bien cachés dans leurs brousailles. Si c'est une cabanne, on est heureux et on la dégage, on constate l'état du linteau et de la voûte, si elle existe toujours. S'il y a danger, on a de l'appréhension pour y rentrer. Si l'état est convenable, on remet quelques pierres à la coupôle, on rebouche un trou, enfin on lui fait rapidement une petite "santé", histoire de lui permettre de tenir un petit peu plus, avant une restauration plus approfondie. Bien fatigué et passablement égratigné, quand on rentre dans nos villages, on est content d'en avoir trouvé de nouveau, de ces "tas de cailloux" auxquels personne ne s'intéressait!

Peut-être passons-nous pour des fous!

Vous vous rendez compte, s'occuper de ces ouvrages si perdus que même les anciens les ont aussi oubliés! Pourtant nous avons besoin d'eux et sommes heureux de leur faire retrouver leur parole de mémoire. C'est grâce à eux que nous avançons dans nos connaissances.

A force d'étudier la question, nous savons maintenant que dans toutes les régions de France où il y a ces vestiges en pierre sèche, beaucoup d'associations existent. En leur sein, des hommes et des femmes s'occupent comme nous de les répertorier et de les sauver. Oui, ces constructions rurales, même si elle ne sont pas très vieilles, ont aussi le droit d'être préservées, même pour les générations futures.

Même si notre Var a un retard catastrophique à combler dans ce domaine par rapport à d'autres départements, nous avons l'entousiasme communicatif et la passion.

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